En 1942, les alliés ont un besoin urgent d’ouvrir un nouveau front pour disperser l’effort de guerre allemand. Rapidement, la décision est prise de débarquer en Afrique du Nord. Ce sera l’opération Torch, qui verra les troupes anglaises, américaines et – plus symboliquement – françaises prendre pied sur les côtés algériennes et marocaines, le 8 novembre. Mais plus que le débarquement proprement dit, ce sont les préparatifs minutieux de cette opération – et de beaucoup d’autres – que l’ancien agent des services secrets français Jean Deuve raconte dans son passionnant ouvrage, Histoire secrète des stratagèmes de la Seconde Guerre mondiale, sous-titré Duperies, tromperie, intoxication, illusion de 1939 à 1945. Un titre à rallonge pour un livre original, qui détaille – de façon parfois un peu aride, il faut le reconnaître – les ruses auxquelles chaque camp a eu recours pour tromper l’ennemi.
Pour en revenir à l’opération Torch, les alliés ont multiplié les stratagèmes afin que l’ennemi ignore leurs intentions jusqu’au dernier moment. Difficile, bien sûr, de garder le secret autour de la préparation de l’armada nécessaire ou du rassemblement massif de troupes. Au moins pouvait-on garder le mystère autour de la destination. On fit donc courir toutes sortes de bruit – y compris auprès des troupes alliées qui s’entraînaient en Angleterre, auxquelles on distribua parfois du matériel destiné au combat dans la neige – évoquant des projets de débarquement en Scandinavie, au Sénégal, à Malte, à Chypre, en Crète… Quant à la flotte en partance des Etats-Unis, elle traversa l’Atlantique en zig-zag afin d’échapper à la surveillance des meutes d’U-boot qui sillonnaient l’océan, parcourant plus de 8000 km au total au lieu des 5000 km normalement nécessaires. Sans parler des fausses informations transmises à tous ceux, diplomates, journalistes ou militaires, soupçonnés de jouer double jeu au profit des Allemands, des Italiens, voire de l’Espagne de Franco, qui jouait un rôle clé, bien qu’indirect, dans l’affaire, grâce à sa position géographique.
Un vrai récit d’espionnage qui, à défaut de se lire comme un roman, éclaire d’un jour nouveau des épisodes historiques dont on croyait, à tort, tout connaître.
Stratagèmes, duperies, tromperies, intoxications pendant la Seconde guerre mondiale, de Jean Deuve, Nouveau Monde Editions, 330 pages, 8 euros